Approche du vieillissement privilégiée
Le vieillissement comme aventure humaine
Quels que soient les progrès réalisés par la science dans la compréhension des phénomènes du vieillissement, un aspect essentiel de celui-ci lui échappe, concerne chacun de nous, demande une approche spécifique.
En 1996 Michel Philibert recommandait d’exporter le vieillissement « hors de sa région (biologique) d’origine scientifique, et (de) lui chercher ailleurs un autre modèle… de prendre en compte ces changements que le biologiste écarte de sa notion comme non liés à l’âge parce qu’ils ne s’imposent pas à tous les membres de notre espèce selon un ordre nécessaire et irréversible mais résultent de décisions personnelles, de particularisme sociaux, des accidents de l’histoire. » et pourrait-on ajouter des croyances concernant le sens de la vie et de la mort tant sociales que personnelles.
Cette attention donnée à ce qui fait la spécificité de l’être humain n’est pas nouvelle. A la fin du XIX siècle, Ernest Schweninger, le médecin de Bismarck, dénonçait l’orientation médicale de son temps, qui en se centrant sur l’agent pathogène reléguait au second plan le sujet malade, « cet être singulier, selon les termes de Maine de Biran, qui n’a sa véritable réalité qu’en contribuant à se faire lui-même, à partir sans doute d’une nature donnée et selon des exigences intimement subies, mais par un devenir volontaire et une conquête personnelle. »
L’orientation retenue tout au long de ces pages se situe dans cette ligne de pensée. La façon dont les individus avancent en âge, affrontent les défis de la vieillesse, n’est pas déterminée à l’avance, ne découle pas des seules données de type génétique, biologique ou médical, ne se laisse pas enfermer dans un savoir strictement objectif. Entrent en jeu des facteurs historiques, culturels et sociaux, et au-delà, des connaissances et des aptitudes acquises dès les premières années de l’enfance et tout au long de la vie. Nos contemporains ont une responsabilité, un rôle important à jouer tout au long de leur existence y compris dans la dernière partie de celle-ci. Ceci demande de mieux les connaître, d’avoir une idée plus précise de la manière dont ils font face aux changements et épreuves de ce temps de vie, des difficultés qu’ils rencontrent et de leur créativité et des idées nouvelles qu’ils mettent en œuvre, ainsi que de l’aide qu’il convient de leur apporter.
Démarche adoptée
Comment rendre compte de cette expérience, mieux la comprendre et mieux la conduire, en tant qu’elle est toujours à la fois subie, interprétée et aménagée par décisions personnelles et par règles collectives ? se demandait Michel Philibert.
Notre démarche depuis 1996 consiste à rencontrer nos contemporains, à recueillir leur expérience, à leur proposer des lieux ; des séminaires, des ateliers pour y réfléchir, s’interroger, s’enrichir de l’expérience des autres, s’informer, et ainsi envisager d’une façon plus sereine leur avancée en âge.