Une approche anthropologique du vieillissement

Les médecins gériatres et les sociologues qui s’intéressent au vieillissement font des sujets âgés et de leur relation avec la mort leur principal, sinon unique, objet d’étude.  Pour les anthropologues tout le monde est concerné par le vieillissement, et la mort ne met pas seulement un terme au fonctionnement biologique de l’individu et au flux des pensées et des actes qui le qualifie en tant que sujet, rompant ses liens et ses relations avec les groupes auxquels il appartient, elle a aussi une dimension sociale et symbolique. Pierre Carli explicite ces trois aspects, biologique, social et symbolique de l’existence, en présentant l’être humain« à la fois comme un individu pour lequel il est vital de préserver son intégrité physique et ses structures internes… un acteur social qui élabore et défend une identité psychosociale en même temps qu’il développe et s’efforce de préserver un équilibre relationnel et affectif… un sujet en quête de sens et de liberté intérieure, capable de prendre du recul et d’avoir une perception originale de sa vie et de son histoire ». [1]

Des différents registres de confrontation de l’être humain avec la finitude, seul les registres social et symbolique peuvent atténuer l’angoisse du mourant et aider la communauté à accepter son décès, ou comme l’écrit Joëlle Caullier, à assumer « l’éternel jeu de cache-cache entre la naissance des uns et la mort des autres. » [2](Caullier p. 195).  A l’inverse observe Pascal Hintermayer : « Ce qui contribue à accroître l’inquiétude face à la mort, c’est la perspective de devoir affronter cette épreuve tout seul, sans pouvoir s’appuyer sur ses proches, sans compter sur le soutien des autres hommes. Mauvaise est la mort qui survient lorsqu’on se trouve au loin, séparé de la communauté à laquelle on appartient… Reposer parmi les siens, se mêler à la terre où l’on est né, rejoindre pour toujours les êtres et les lieux les plus chers, voilà des aspirations qui sont communément exprimées par les mourants ou qui leur sont volontiers attribuées. » [3]


[1] Carli P. 1999 « Cerveau et affectivité» Revue Internationale de Philosophie 3/1999 n° 209 pp. 347-363  « Le cerveau et l’affectivité» Université de tous les savoirs, France Culture 2001

[2] Caullier J. 2008  « Plaidoyer pour la transmission »  Revue Etudes tome 409, n°3 septembre 2008 p. 195- 206

[3] Hintermeyer P. 2004 « Les critères du bien mourir »  Gérontologie et société 2004/1 vol. 27 / n° 108   p 73-87   

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